L’approche Montessori ou la déresponsabilisation des adultes éducateur·rices ?
L’idée selon laquelle règne dans les ambiances Montessori une liberté suspecte et non productive est répandue. Une idée qui surgit lorsque tout un chacun et toute une chacune (!) évoque Montessori. Une idée reprise également par des enseignant·es ou autres acteur·rices de l’éducation, plus versé·es, pourtant, en sciences de l’éducation.
Pourquoi pense-t-on que dans un environnement Montessori l’enfant est livré·e à lui ou elle-même, seul·e aux prises avec ses faiblesses humaines, dans toute sa sauvagerie de petit animal alors que l’adulte présent·e aurait déposé à l’entrée de cet environnement toute responsabilité ?
L’enfant au centre de son éducation
Oui, l’enfant, dans la pédagogie Montessori, est placé·e au centre de son éducation. On reconnaît chez lui et elle le désir et l’urgence d’apprendre. On veille à ne pas entraver cet élan naturel et on travaille à nourrir son intelligence et sa soif d’apprendre. Pour cela, on prépare un environnement adapté et on offre à l’enfant la liberté de choisir une activité qui correspond à son développement et qui sert ses apprentissages.
Est-ce à dire que le ou la pédagogue abandonne à l’enfant la responsabilité de son éducation ?
Le rôle d’une éducatrice ou d’un éducateur Montessori
L’éducateur·rice Montessori n’apporte pas d’aide inutile à l’enfant et il ou elle s’applique à supprimer les obstacles au développement naturel de l’enfant.
“Le premier instinct de l’enfant est d’agir seul, sans l’aide d’autrui, et son premier acte conscient d’indépendance est de se défendre de ceux qui essaient de l’aider.”
– Maria Montessori, L’esprit absorbant de l’enfant, Desclée de Brouwer, 2014, p.76.
Néanmoins, et Public Montessori le rappelle dans une tribune récente qui appelle à soutenir la pédagogie Montessori :
“La liberté accordée aux enfants dans la pédagogie Montessori n’est en aucun cas un abandon éducatif. Le fait que l’enfant puisse choisir son travail ne signifie pas que les adultes se déchargent de leur responsabilité dans l’avancée de chaque élève. Au contraire, les éducateurs accompagnent activement les enfants dans le développement de leur autonomie, en adaptant l’enseignement à leurs besoins spécifiques.”
Maria Montessori rappelle l’éducateur·rice Montessori à son devoir ainsi :
“La maîtresse doit éviter le superflu mais ne doit pas oublier le nécessaire”.
– Maria Montessori, Pédagogie scientifique, Tome 1, Desclée de Brouwer, 2010, p.129
En réalité, l’enfant dans une ambiance Montessori ne doit être abandonné·e à lui ou elle-même ni en ce qui concerne ses apprentissages ni en ce qui concerne la discipline.
Le rôle de l’éducateur·rice Montessori est d’observer, de préparer l’environnement, et également de mettre l’enfant en relation avec l’environnement. C’est à ce moment-là notamment, au moment d’une invitation à une nouvelle présentation, que l’adulte pourra susciter l’enthousiasme chez l’enfant pour aborder un concept qui ne l’attirait pas jusque-là.
L’aide ne sera pas non plus superflue lorsque l’enfant ne parvient pas encore seul·e à choisir son travail (à ne pas confondre avec des périodes de déambulation et d’observation des autres qui peuvent être productives) ou à se concentrer.
Enfin, il sera parfois nécessaire de guider l’enfant fermement, notamment avant l’acquisition d’une certaine auto-discipline, vers un bon comportement.
C’est ainsi qu’ “on suit l’enfant mais qu’on ne l’abandonne pas” disait Maria Montessori.
À bientôt
Jeanne, de l’équipe d’AIRAM Montessori.