Dans notre ambiance, nous sommes deux éducatrices : une francophone et une anglophone.
Ma collègue aborde des thèmes différents en anglais au cours de l’année. A titre d’exemple, elle a déjà abordé depuis la rentrée de septembre, le thème des émotions et des transports. Elles proposent de travailler ces thèmes lors des regroupements, ‘les circles time ». L’après-midi elle propose 2 regroupements en anglais : un pour les enfants dont le niveau d’anglais débute et un autre pour les enfants plus à l’aise avec l’anglais. Le même thème est abordé mais le niveau de difficulté en grammaire et en vocabulaire est différent. Quant à moi, je propose d’aborder des thèmes en français en lien avec ceux qu’elle propose. Donc depuis la rentrée je leur ai proposé le thème des émotions et des transports. Parallèlement je propose aux enfants les plus âgés le vaste thème du temps, l’après-midi lorsque les plus jeunes en circle time avec elle. C’est alors l’occasion de travailler autour du matériel du temps proposé dans l’aire de la culture.
Je me demande donc combien de thèmes vous conseillez de proposer sur une période (avant les vacances). On me dit que 2 thèmes avec un autre en parallèle c’est trop. Ils sont travaillés avec des livres, chansons, flashcards, jeux de groupe, etc…
Un point me questionne : à la différence de l’enseignement traditionnel qui s’inspire de l’univers proche de l’enfant pour travailler sur des thèmes et élargir ensuite dans un second temps vers la place de l’homme, la pédagogie Montessori quant à elle part dans le sens contraire, c’est-à-dire de l’espace, le temps pour aller vers l’enfant lui-même. et sa place dans l'univers. C’est d’ailleurs le rôle merveilleux de l’éducation cosmique en 6-12 ans par l’intermédiaire notamment des grands-récits. Or j’ai bien consciente que cette façon de procéder est propre aux enfants en capacité à partir de 6 ans (parfois un peu avant), entrés dans le second plan de développement, de faire appel à leur imaginaire et leur pouvoir créateur pour concevoir ces récits. Alors est-ce que de partir de l’univers proche de l’enfant pour le choix des thèmes est-il approprié en 3-6 ans ?
Bonjour Marie,
Une précaution avant de répondre à votre question. Dans ma pratique comme dans mes observations dans d'autres ambiances, j'ai pu constater que les regroupements qui "fonctionnaient" bien respectaient un certain nombre de caractéristiques : par exemple le fait
- qu'ils n'étaient pas trop long
- que les enfants pouvaient y participer ou non selon leur choix
- qu'ils n'étaient pas trop nombreux et ne coupaient pas les enfants dans leur activité
- que les enfants n'avaient pas besoin d'attendre trop longtemps et pouvaient être actifs
- que le sujet et l'organisation du regroupement correspondaient aux stade de développement, périodes sensibles et centres d'intérêts des enfants concernés...
Pour ce qui concerne le nombre de thèmes abordés, je n'ai pas de réponse toute faite à vous apporter : tout dépendra de la manière dont vous le traitez et de l'intérêt qu'il suscite. C'est l'intérêt des enfants qui doit être votre principal baromètre.
Au cours de sa vie à la Maison des Enfants, un enfant évolue énormément, et en particulier, il se décentre. Pour un enfant de 3 ans, l'intérêt d'un regroupement pourra être surtout, pendant quelques minutes, de chanter et de bouger, avec les autres ou pas, et quel que soit le sujet. Si un sujet le touche (un livre sur les dinosaures apporté de la maison, l'arrivée d'un petit frère ou d'une petite soeur...), il sera peut-être plus pertinent de l'aborder de manière ponctuelle et soit en tête à tête, soit en tout petit groupe constitué spontanément.
Pour un enfant de 5-6 ans, qui, comme vous le notez, va vers l'esprit comprenant du 6-12 et devient plus sensibles aux dimensions sociales et relationnelles, aborder certains thèmes pourra être tout à fait fascinant : avec des enfants de fin de 3-6, certains éducateurs commencent à aborder des thèmes en lien avec le matériel de biologie, de géographie et/ou de zoologie comme les animaux des différents continents, les différents agrumes... On peut même aller plus loin et commencer à effleurer le programme de 6-12, avec par exemple l'univers. On veille cependant à préserver la magie des grands récits et même à maintenir une sorte de frustration : il arrive un moment où l'enfant n'est plus totalement nourri en Maison des Enfants et devient impatient de passer en élémentaire.
L'univers de l'enfant est d'abord très centré sur lui, et les activités proposées, dès le nido, ont pour premier objectif sa construction intérieure qui lui permet d'élargir petit à petit son univers.
Cependant, dès que l'on commence à aller vers l'abstraction et les concepts avec le matériel sensoriel, on lui ouvre un univers beaucoup plus grand que celui auquel il a directement accès. La progression du matériel de géographie est bien celle que vous décrivez, du plus vaste au plus précis : on part du globe pour aller vers la carte des régions de France.