Bonjour,
J'ai une question par rapport à la plasticité cérébrale. Le cerveau de l'enfant de 0-6 ans est très plastique. Les connexions synaptiques sont renforcées en fonction de la fréquence des expériences, mais pas de leur qualité. Lorsque le style pédagogique à la maison et celui de l'école est différent, entre ces deux styles, c'est quand même la fréquence qui détermine son comportement ?
Par ex, mon fils est scolarisé dans une école publique traditionnelle. À la maison, on essaie d'appliquer la pédagogie Montessori et de transmettre nos valeurs. Je vois qu'il a un peu du mal à s'adapter au fonctionnement de l'école. Il passe le temps à 50% à la maison et à 50% à l'école. Il peut s'adapter finalement aux deux styles avec le temps ? Ou quand même l'influence des parents est plus forte ? Si vous avez des expériences personnelles ou des idées, j'aimerais savoir.
Merci
C’est une question très intéressante et je pense que nous sommes nombreux en tant que parents à nous la poser.
Vous dîtes que votre fils a un peu de mal à s’adapter au fonctionnement de l’école. Pourriez-vous me donner plus d’informations ? Qu’observez-vous ? Si vous pouvez me décrire une situation concrète de manière objective, c’est-à-dire comme si la caméra pouvait filmer et le micro enregistrer (sans jugements), cela serait intéressant.
C’est en effet la fréquence des expériences qui compte.
Si un jour, il est déçu à cause d’une mauvaise note ou d’un bonhomme qui fait la tête sur sa feuille, vous pourrez lui expliquer que cela reflète ce qu’il a été capable de faire ou de ne pas faire à ce moment-là, mais cela ne dit rien de sa personne. Il va encore progresser et c’est en faisant des erreurs qu’on apprend.
J’ai pris cet exemple de récompense extrinsèque (extérieure) pour vous montrer qu’on peut partager nos valeurs avec nos enfants même s’ils vivent des choses différentes à l’école.
Vous parlez d’adaptation dans votre message. C’est un mot clé. On aimerait tous que nos enfants ne vivent aucunes difficultés à l’école, mais est-ce réaliste ? Est-ce que la vie est un parcours sans embûche ? Les enfants apprendront à exprimer leurs émotions, à régler des conflits, à exprimer une opinion… tous ces savoirs-être qu’on apprend encore peu à l’école.
Si votre enfant est soutenu à la maison, s’il a le droit à l’erreur, si vous l’accompagnez de manière bienveillante, s’il peut développer son autonomie, il pourra s’appuyer sur ces fondations solides et s’en servir comme d’une force à l’école et dans sa vie.
Ce qu’il vit à la maison compte beaucoup.
Je suis dans la même situation. Mes filles ont 10 ans et 11,5 ans. Mon plus grand regret est de ne pas avoir pu les scolariser dans une école Montessori, mais je peux observer aujourd’hui que tout ce que nous leur avons offert à la maison a eu un grand impact.
Je suis partie sur le côté savoir-être suite à la lecture de votre message. Si vous parliez plus des apprentissages. N’hésitez pas à me le dire. Je compléterai ma réponse.
Bonjour
Je vous remercie de votre réponse très encourageante ! Oui tout ce qu’on apporte à la maison compte beaucoup.
Par rapport à ce qui se passe à l’école, je ne le connais que très vaguement comme il n’a pas encore 3 ans et qu’il ne communique pas autant. Ce que je sais est qu’il y a des conflits entre les enfants de temps en temps ( essayer de prendre un jouet de l’autre, taper l’autre etc). Il me semble que la maitresse intervient juste pour arrêter le conflit, mais ce n’est pas forcément une occasion d’apprendre la gestion de conflits.
Il y a aussi un petit temps du travail personnel, mais principalement les activités sont préalablement choisies par la maitresse. C’est un point difficile pour mon fils comme il a l’habitude de choisir les activités qui lui plaisent à la maison. Comme il a un caractère plutôt déterminé et vu son jeune âge, il me semble qu’il n’est pas facile de vivre dans le cadre dirigé.
A la maison, j’observe qu’il fait preuve des compétences exécutives avec une concentration parfois assez surprenante puisqu’il participe beaucoup aux activités de la vie réelle et aux celles qui correspondent à son intérêt. A l’école, il fait des activités, mais j’ai l’impression qu’il ne se concentre pas autant comme à la maison. Quand l'environnement change, le comportement de l'enfant change... Est-ce que vous pensez que les compétences exécutives qu'on observe dans un environnement fait ses preuves avec le temps même dans un autre environnement qui est tout à fait différent?
Merci d'avance pout votre réponse. Bonne journée!
Bonjour Yuko,
Si votre enfant développe ses fonctions exécutives à la maison dans des activités de la vie quotidienne, ça lui sera utile dans sa vie, que ce soit à l’école, chez des amis ou ailleurs.
Un apprentissage bien fait est un apprentissage transférable. Il ne dépend pas du contexte, la compétence est acquise.
S’il développe sa flexibilité en jouant au UNO à la maison, il pourra faire preuve de flexibilité dans d’autres contextes ou lieux où la tâche est proche.
(Au UNO, soit on joue une carte de la même couleur, soit une carte avec le même chiffre. Les petits restent souvent bloqués sur la couleur ou le chiffre et ont dû mal à changer de l’un à l’autre. Il existe une version avec des animaux pour les petits).
En revanche, dans le cas de la mémoire de travail, des chercheurs ont essayé d’augmenter la mémoire de travail des enfants par un entraînement sur un logiciel. Ils ont légèrement augmenté leur mémoire de travail à force d’entraînement, mais cela n’était pas transférable dans d’autres contextes.
Ce n’est pas parce qu’ils avaient une meilleure mémoire de travail avec le logiciel qu’ils étaient capables de retenir plus d’informations en classe pour des exercices traditionnels. Le cerveau ne voit pas le sens pour la vraie vie.
Le cerveau va développer des fonctions exécutives propres à ce contexte-là, mais il n’y aura pas d’effet de transfert.
Plus les activités sont proches du vécu de l’enfant et que cela a un sens pour lui, ce sera un réel apprentissage, il y aura un transfert.